Accueil Affaires Trafic à la maison d’arrêt. « C’était le club med »

Trafic à la maison d’arrêt. « C’était le club med »

Depuis hier, le tribunal de Brest juge un vaste trafic de cannabis, d’alcool et de téléphones portables, doublé de corruption de fonctionnaire, qui a éclaté au grand jour le 9 janvier 2013, au sein de la maison d’arrêt de Brest.

Ce trafic vaut, aujourd’hui, à pas moins de dix personnes d’être prévenues dans ce procès, dont une surveillante, surprise en possession de 200 g de résine de cannabis et d’une bouteille de vodka le jour de son interpellation, au terme d’une enquête de plusieurs semaines. Pivot de ce dossier, elle dit avoir agi « par amour » pour l’un des prévenus, un homme purgeant une peine de 25 ans de réclusion, pour viol en récidive. Pourtant, si elle assume avoir introduit alcool, vêtements, téléphones et nourriture pour améliorer le quotidien de ce dernier pendant de nombreuses semaines, elle affirme que le cannabis qu’elle importait se destinait à deux autres personnes incarcérées à l’époque des faits. Mais là encore, elle n’aurait cherché qu’à « rendre service » : les deux seules fois où elle a reçu une contrepartie (50 EUR et une bouteille de champagne, puis 350 EUR), l’argent collecté a été réinvesti, selon elle, pour celui qui avait su la séduire.

Des débats houleux

Dès le début de l’audience, après une première demande de renvoi formulée par les avocats de la défense, du fait du « deuil national », les débats ont été des plus houleux. Car plusieurs de ces conseils, Me s Rajjou et Rustique en tête, ont invoqué une autre instruction en cours, dans laquelle un second surveillant est mis en cause, pour motiver une nouvelle demande de renvoi. Car pour ces avocats, le parquet chercherait à « segmenter les affaires, pour ne pas avoir à juger d’un scandale bien plus vaste ». Demande, là encore, rejetée, mais qui n’aura eu de cesse de revenir polluer les débats. Et notamment lorsque l’un des prévenus – celui dont la dénonciation auprès du parquet de Brest a contribué à mettre à jour le trafic – a assuré avoir transmis une liste de noms des personnes impliquées, dont celui d’autres surveillants, au juge d’instruction chargé de l’enquête.

« Nous ne sommes que sur une partie du trafic »

La température est encore montée lorsque ce même prévenu, qui avait lui-même bénéficié des largesses de la surveillante pour récupérer un téléphone, a expliqué que, lorsque cette dernière travaillait, « on savait que ça allait être le club med. Tout le monde savait qu’elle faisait rentrer des trucs. Mais c’était à peu près pareil avec tous les surveillants de l’étage ». Tollé de la défense. « On est bien conscient que nous ne sommes que sur une partie du trafic dans la maison d’arrêt », a tenté de tempérer le président Duraffour. « Reste à savoir si tous ces trafics sont imbriqués », a ajouté l’un de ses assesseurs. Initialement prévus sur la seule journée d’hier, les débats vont se prolonger aujourd’hui. Avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries. La principale prévenue, âgée de 46 ans et mère de trois enfants, encourt dix ans de prison.

Crédit : Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/bretagne/trafic-a-la-maison-d-arret-c-etait-le-club-med-18-11-2015-10853865.php#slRV0DuwziKZChYW.99