Accueil Affaires Me Rajjou : «La dépénalisation n’est pas idéologique»

Me Rajjou : «La dépénalisation n’est pas idéologique»

Me David Rajjou plaide régulièrement dans les affaires de stupéfiants. Au-delà de la dépénalisation, l’avocat évoque un problème majeur en matière de santé publique qu’il ne faut plus, à son goût, ignorer de la sorte.

Me David Rajjou est clair: «Je ne conçois pas mon métier comme déconnecté de la réalité sociale». Rien d’étonnant donc que le plaideur, aguerri aux affaires de stupéfiants, se soit forgé une opinion complexe sur la non moins complexe question de la dépénalisation et de poser en question préalable celle de «la santé publique qui induit nécessairement un discours responsable. Ce que l’on dit est écouté par les enfants et les adolescents, il serait inacceptable de raconter n’importe quoi». Ou de faire n’importe quoi comme, à ses yeux, laisser courir «la pénalisation comme unique solution pour les usagers. Tout le monde peut constater l’échec flagrant et l’inefficacité de ce discours».

Pour autant, faut-il dépénaliser le shit? David Rajjou contourne le sujet et milite pour une «politique sanitaire remaniée, vis-à-vis des jeunes. Il faut arrêter de se voiler la face. Les familles ou les acteurs sociaux ou l’école doivent prendre leurs responsabilités, dans le cadre d’un discours apaisé qu’actuellement l’interdiction totale empêche». D’où son idée de «contraventionaliser» l’usage, en «évacuant la réponse répressive, au profit une réponse strictement sanitaire». Et le plaideur de taper du poing sur la table, en se demandant «quand notre société s’interrogera sur la défonce des jeunes, emprisonnés dans un modèle de performance». Du rôle de l’État Cette démonstration se heurte, toutefois, à la question de la vente du produit, sachant qu’il est «nécessaire de séparer usager et trafiquant». Là encore, l’avocat entend poser des hypothèses, en mettant en cause le rôle de l’État. Selon lui, «l’État doit éradiquer le trafic soit par la répression, soit par le contrôle du produit, comme il le fait pour le tabac ou l’alcool». David Rajjou n’est pas dupe de sa provocation et sait que la répression ne viendra jamais au bout de cet immense marché juteux mais dangereux. «Il est, certes, difficile pour un pays de justifier la vente d’un tel produit, accorde-t-il.Mais aucune raison valable n’existe aujourd’hui pour ne pas contrôler et informer les usagers sur le cannabis, sauf à se dire que nous créons des zones mafieuses de trafic». Il plisse les yeux: «Mais ça n’existe pas, n’est-ce pas? Personne n’accepterait des zones de non-droit dans des banlieues pour se payer lapaix sociale sur le dos du cannabis? Ou alors, notre politique sanitaire n’est pas rassurante». .

Crédit : Le Télégramme
https://www.letelegramme.fr/local/finistere-nord/brest/ville/me-rajjou-la-depenalisation-n-est-pas-ideologique-27-06-2011-1350147.php#cYfIz1v1ApTrVu7v.99
Crédit : Ouest-France